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#2 Rencontre avec Peter Dellow 

                                                                            Park Ranger en Chef / QPWS

 

 

 

 

 

 

Peter ©maximecoquard


Ce soir, nous campons à coté des magiques cascades d’Eliot. Une fois les tentes plantées et après un bon bain dans l’eau transparente des chutes, nous rencontrons Peter.

 

Il est Ranger en chef dans le Parc National Jardine River. Nous partons pour promenade dans le Parc. Installés devant les chutes d’eau, il nous présente le Parc, son métier et souligne en quoi cet endroit est si spécial.

Tout d’abord, nous parlons de la gestion du Parc national :

Comme dans beaucoup de Parcs de la Péninsule, les propriétaires traditionnels des terres (les Aborigènes) participent pleinement au management du Parc. Ils sont consultés avant toute décision importante. Dans le Jardine River NP, il s’agit des communautés Atambaya, Angkamuthi, Yadhaykenu, Gudang et Wuthati.

 

 

Et qu’est-ce que le quotidien d’un Ranger d’un Parc comme celui-ci ?

Peter est responsable d’un parc tout entier, un espace qui couvre plus de 500000 ha !! Il vit avec sa famille dans une « base ». Il n’a qu’UN collègue, Leigh! Mieux vaut bien s’entendre!! Tous les deux se répartissent les taches, au final il faut aimer travailler seul, car avec une si grande distance à couvrir, ils ne sont pas souvent ensembles.

Son travail est rythmé par les saisons. Durant la période sèche, (l’hiver) il est très actif : il faut gérer la planification des feux (plus de détails ci-dessous), contrôler les zones de camping, aller à la rencontre des touristes pour leur expliquer l’importance de préserver cet endroit, maintenir en état les infrastructures etc. Par contre, pendant la saison humide, le parc est régulièrement inondé, il est alors condamné à la base. Le rythme de travail est nettement ralenti.

 

 

Peux-tu nous dire pourquoi ce territoire est si spécial, à part ?

Peter nous explique qu’il s’agit d’une des zones les plus reculées de tout le pays. L’environnement est intact, l’eau est pure, la foret est grandiose. Pour nous donner une idée, il nous montre sur la carte : il n’y a que 3 chemins en terre sur une côte de plus de 150 km ! Et mieux vaut être équipé d’un bon 4x4 ! Il est habitué à conduire pendant des heures sur des chemins difficilement praticables pour exercer son métier, mais il adore être au cœur de la nature, et puis ce qu’il y a de bien ici, c’est qu’il n’y a pas d’embouteillage ni de feux rouges!

 

 

Mais comment se fait-il qu’une région comme celle-ci soit encore “déserte” aujourd’hui? Ca ressemble au paradis pourtant!

En fait, les premiers explorateurs venus d’Europe ont essayé de venir s’installer ici…mais l’absence de fourrage pour les chevaux les ont fait partir…Par la suite, certains éleveurs ont essayé d’élever du bétail, mais cela a été un gros échec…Ne vous y fiez pas, le climat est rude (humide et pouvant être très chaud), le sol pauvre rend toute agriculture impossible et même si l’eau coule à flot toute l’année, rien ne pousse…On surnomme même la région de “the wet desert” ou “désert humide”!

 

 

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton travail?

Peter adore son boulot, ça se voit! Il aime partager ses histoires et son quotidien, et c’est un plaisir pour nous de l’écouter !

« C’est une superbe expérience de vivre ici dans une zone protégée si vaste et magnifique. Aller à la rencontre des gens, leur parler de l’environnement, de la diversité de la faune et de la flore fait partie de mon job, c’est un plaisir pour moi. J’interviens dans des écoles parfois et je participe aussi au Programme Connect with Nature » dit-il. Il s’agit de transmettre un message de sauvegarde par le biais d’activités ludiques avec le public (www.nprsr.qld.gov.au/experiences/connect-with-nature).

De plus, il apprécie son travail car il contribue pleinement au rayonnement touristique de la région. Sans le travail précieux des rangers, les parcs ne seraient pas aussi attractifs pour les touristes. En effet, la construction d’infrastructures est essentielle pour l’accueil des gens (aires de pique-nique, toilettes, chemins aménagés etc). La programmation des feux est aussi importante.  

 

 

 

 

Tu parles de gestion des feux, d’incendie, peux-tu nous expliquer en quoi cela consiste ?  

Quelques Questions à Peter...

J'ai rencontré Peter sur mon chemin pour Cape York... video, photos, article

Clique ci-dessous pour les découvrir: 

Pourquoi programmer des feux volontairement?!?

 

La gestion des feux est un aspect très important du métier de ranger en Australie. Cela est mené dans un but écologique. Les forêts d’eucalyptus sont très concentrées en une essence inflammable. Programmer des feux volontairement permet de réduire les risques d’incendies naturels, qui seraient dévastateurs. En brulant régulièrement des parcelles de forêt et de bush, on évite ce genre de catastrophe, le feu est sous contrôle. D’ailleurs, les feux faisaient pleinement partie du quotidien des Aborigènes. Il permettait de conserver la bonne diversité de leurs terres. C’était aussi un moyen de chasse efficace et enfin, une méthode pour se frayer un chemin dans les forêts très denses.

 

Comment s’est organisé?

 

* Tout d’abord, les Parcs nationaux et réserves sont divises en “zones”:

Ici dans le Parc Jardine River NP & et la réserve Heathland, 4 zones ont été définies:

 

La zone de conservation: +/- 90 % du territoire: c’est une région vaste et sauvage vous l’avez compris. Mettre le feu permet d’aider la diversité de la flore. La santé écologique est centrale.

 

La zone de protection: +/- 1,5% : zone où les gens habitent et où il y a des déplacements humains (touristes etc). Les feux sont mis en place régulièrement afin d’éviter des incendies. La sécurité publique est la préoccupation majeure.

 

La zone de réhabilitation: 0.5 % : territoire en “guérison”: les feux sont interdits à court terme.

 

La zone d’exclusion: +/- 8 % : Les feux sont exclus, il s’agit de zones fragiles. Par ex, Shelburne Bay où il y a de grosses dunes, qui évoluent de manière constante. Il s’agit d’un environnement dynamique, mettre le feu pourrait modifier le cours naturel, c’est pourquoi c’est interdit.

 

 

Les feux sont gérés depuis les airs, par avion: la région est en effet trop vaste et ne peuvent donc pas être contrôlés depuis le sol.

 

Les décisions sont prises grâce à un programme de

surveillance :les rangers utilisent des données satellites,

ils observent les infos de l’année précédente afin de

décider quelles sont les zones à bruler en priorité.

Les indicateurs clefs sont : le taux d’humidité, la

température, la pression atmosphérique et la force

du vent. Tout est calculé de manière scientifique,

même le moment de la journée où ils mettent le

feu. Peter nous dit que les plantes et leur croissance

sont aussi un excellent indicateur.  

 

En parlant de plantes, quelles sont les espèces typiques d’ici?

Peter sort un gros sac en plastique de son 4x4 et nous montre de superbes plantes qui poussent ici dans la bruyère.

 

Ci-dessous, un aperçu de quelques plantes magiques

 

”La Brosse à Dent” (Grevillea): Vous pouvez la lécher, c’est sucré! 

 

“Cocky apple” (Planchonia careya): Utilisée par les Aborigènes pour pécher des poissons d’eau douce. Agiter les feuilles au-dessus de l’eau les attire comme un aimant, pratique ! 

 

“Soap Tree ou l’arbre savon” (Alphitonia excelsea): véritable savon naturel, c’est parfait pour laver vos mains dans la nature. Il suffit juste de frictionner quelques feuilles dans vos mains avec un peu d’eau. 

 

“Sandpaper Fig ou Le figuier papier de verre” (Ficus opposita): un arbre à figue, on peut manger les fruits et les feuilles permettent de polir les outils, d’ailleurs les Aborigènes les utilisent pour faire briller les boomerang notamment. 

 

“Pitcher Plant” (Nepenthes mirabilis): une plante carnivore qui attire et digère de nombreux insectes. Cette plante est parfaitement adaptée à la région, car elle n’a donc pas besoin du sol pour se nourrir. 

Publié le 30 Août 2013 

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